Banquets du XXIème siècle – 2010-2019

 

2010 : Le discours de Claude Couvret

2011 : Le discours de Marie-Thérèse Ampeau

2012 : Le discours de Marc Henriet

2013 : Le discours de Marie-Christine Marais

2014 : Le discours de Michel Jamet

2015 : Le discours de Solange Dalot

2016 : Le discours de Jean Philippe Gontier

2017 : Le discours de Michèle Selleron-Charrière

2018 : Le discours de Antoine Momot

2019 : Le discours de Martine Annède-Huguet

2019 : Discours de la Présidente Martine Annède-Huguet

Martine Annède-Huguet

Madame la Principale, Monsieur le Proviseur,
Madame la Présidente,
Chère Claude, Chers Guy et Alain, nos présidente et présidents d’honneur,
Chers amis,

C’est un honneur… redoutable que de me présenter devant vous en qualité de présidente de banquet de notre Amicale, quand je sais quelles personnalités éminentes m’y ont précédée.

Je me faisais petite et modeste dans l’espoir d’être oubliée, mais c’était sans compter sur la vigilance de notre présidente Marie-Christine Marais-Chauvet -que j’ai bien connue sous le diminutif de Catou- pour me rappeler les principes établis ces dernières années pour la présidence de notre banquet : « un homme/une femme, un jeune/un ancien ».
Ainsi, après le fringant Antoine Momot catégorie « homme/jeune » l’an dernier, mon tour est venu, dans la catégorie « femme/ancien »… de vous parler de mes souvenirs du lycée George Sand et du parcours qui s’ensuivit…

De la 6ème et des années suivantes jusqu’au baccalauréat, je garde des souvenirs… variés.
La 5ème a été particulièrement houleuse, avec heures de colle, avertissements et conseil de discipline qui m’auraient conduite tout droit au redoublement, sans l’intervention de Raymond Delagoutte (« Monsieur » Delagoutte), mon professeur de Français/Latin. Il avait compris que j’étais en plein âge ingrat et que j’avais surtout besoin d’un sérieux tour de vis côté discipline… Je fus donc priée par mes parents de rentrer directement à la maison dès la fin des cours et de m’abstenir de certaines fréquentations (je ne parle pas de Catou, bien entendu)…

Les choses se sont arrangées à partir surtout de la 3ème, grâce notamment à l’anglais. Sur les conseils avisés de Monsieur Collé, mes parents acceptèrent de m’envoyer en Angleterre pour un stage de langue d’un mois et ce, pendant trois étés.
Même si nous passions les après-midis entre Français, la découverte de l’Angleterre, l’accueil chaleureux de Mrs et Mr Bone, (lequel m’a tout de suite demandé si Huguet signifiait quelque chose en Français, comme bone en Anglais), la découverte de coutumes et même de produits qui, à l’époque, n’étaient pas encore arrivés sur le continent ont élargi mon horizon de petite française… Mon approfondissement de la langue s’est aussi appuyé sur les paroles des chansons des Beatles et autres Rolling Stones. C’était une méthode d’apprentissage de l’Anglais bien éloignée de la traduction parfois laborieuse des œuvres de grands auteurs que nous pratiquions en classe. Méthode pas si futile que cela puisqu’un jour de composition j’ai été la seule de la classe à traduire le mot genuine, ce qui m’a valu un point supplémentaire…(Ps. Genuine = Véritable)

Autre professeur important dans mon parcours, Monsieur Coq – les garçons disaient Léonce – professeur d’histoire qui a su m’intéresser à cette matière ouverte sur le passé mais aussi sur le monde avec l’histoire comparée et la géographie économique. Au moment de l’orientation post baccalauréat, c’est lui qui m’a conseillé de m’inscrire à l’Ecole des Sciences politiques de Paris.

Le collège puis le lycée, c’était aussi les cours de gymnastique de Madame Fouchet. Elle nous accompagnait au stade trois fois par semaine, en rang jusqu’au baraquement en bois qui nous servait de vestiaire, puis « en petites foulées » pour commencer l’échauffement par un tour de piste autour du terrain de foot. Sous son autorité, nous pratiquions avec plus ou moins de facilité divers exercices d’athlétisme de plein air, ainsi que des activités d’intérieur les jours de pluie : poutre, barres parallèles, danses folkloriques… Elle nous encourageait et nous encadrait dans la création de chorégraphies que nous avons même présentées en public, l’une sur la scène du théâtre municipal – sur l’air des oignons de Sydney Bechet- l’autre en jupes virevoltantes à la Halle municipale à l’occasion, me semble-t-il, d’une foire exposition. Grâce à Madame Fouchet, j’ai pris goût à l’exercice physique et à la gymnastique, que je continue à pratiquer aujourd’hui.

J’ai retrouvé Monsieur Delagoutte en 1ère et en terminale pour les cours de Français et de Latin. De ses dernières leçons, je garde le souvenir du Cimetière marin de Paul Valéry, « Ce toit tranquille, où marchent des colombes. Entre les pins palpite, entre les tombes ; Midi le juste y compose de feux la mer, la mer toujours recommencée… ». J’y associais en pensée la chanson de Brassens « Supplique pour être enterré à la plage de Sète » et mes propres souvenirs du fameux cimetière et des vacances. Que de moments de bonheur !

J’ai aussi adoré le Dom Juan de Molière, d’autant que la pièce venait de faire l’objet d’un très beau téléfilm de Marcel Bluwal à la télévision avec pour interprètes Michel Piccoli et Claude Brasseur. La dernière scène, spectaculaire, du Commandeur, se déroulait dans le site impressionnant des Salines royales d’Arc et Senans … Ma dissertation sur le « Grand méchant homme » obtint la meilleure note, qui fut également je crois la meilleure de mon parcours en Français.
J’aimais le dessin, sans être particulièrement douée. Edouard Lévêque, notre professeur encadrait nos travaux -je devrais dire « sublimait » nos travaux- avec une telle « patte » personnelle qu’ils devenaient plus son œuvre que la nôtre. Au-delà du dessin proprement dit, il nous intéressait au décor de théâtre (nous avons dessiné un décor pour Phèdre) et au théâtre lui-même. Sous sa houlette, notre classe a mis en scène la pièce d’Eugène Labiche, le Voyage de Monsieur Perrichon.
Les photos précieusement conservées par Claude Augereau rappellent le souvenir des élèves de notre classe qui l’ont interprétée, et même ma contribution, plus modeste, aux costumes. Trois de ces interprètes étant présents aujourd’hui, nous vous proposerons au moment du dessert de vous faire revivre en quelques scènes, et plus de 50 ans plus tard, Monsieur Perrichon (Jean-Claude Boury), Madame Perrichon (Martine Augat) et leur fille Henriette (Marie-Christine Marais-Chauvet).

Mais auparavant, il me faut encore citer Monsieur Lavaud, professeur de mathématiques, qui nous terrorisait en arpentant, l’œil noir et le cheveu gominé, les allées de la classe… chacun courbait le dos en se demandait sur qui l’interrogation allait tomber… ; et aussi Monsieur Beudard Paul, professeur de philosophie affable, à l’œil rieur, qui avait un certain mal à nous faire accéder aux Leçons des grands philosophes.
J’ai quitté le lycée fin 1966, en laissant derrière moi La Châtre, le cocon familial et les amis de longue date. Après une année d’hypokhâgne et une classe préparatoire à Sciences Pô qui s’est achevée « dans la chienlit » (l’expression n’est pas de moi) de mai 68, j’ai opté pour le Droit privé à Paris Assas. Encore étudiante, j’ai été engagée comme attachée juridique à l’Union nationale des coopératives d’élevage et d’insémination artificielle. Réaction de mon père -par ailleurs éleveur- « Mais qu’est-ce que tu peux bien y connaitre ?! »… Certes, pas grand-chose au départ. Mais par ce fait du hasard j’ai découvert le rôle du juriste de branche professionnelle, à savoir assister les adhérents dans leur statut d’entreprise, les représenter auprès
des autorités administratives et judiciaires, faire valoir les intérêts de la branche au plan législatif et réglementaire, au niveau national et communautaire. C’est un choix qui m’a été source de grandes satisfactions professionnelles et qui s’est montré riche en relations humaines dans ce secteur agricole tellement décrié aujourd’hui mais tellement nécessaire.
Je vous remercie de votre présence et de votre attention et vous souhaite un bon appétit

Martine Annède-Huguet

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2018 : Discours du Président Antoine Momot

Madame la Principale,
Monsieur le Proviseur,
Madame la Présidente, Chère Marie-Christine,
Madame la Présidente d’Honneur, Chère Claude,
Monsieur le Président d’Honneur, Cher Alain,
Monsieur le Président d’Honneur, Cher Guy,
Mesdames, Messieurs, et si vous me le permettez, Chers amis,

Président d’Honneur, Présidente d’Honneur… Le mot « honneur » revient déjà souvent dans ce propos. Et je mesure celui qui m’est fait aujourd’hui, alors que je suis invité à présider ce banquet.
Cet honneur, en suis-je vraiment digne ?, me suis-je demandé du haut de mes trente-six ans et de ma dizaine d’années de vie active ? Mais pour paraphraser Blaise Pascal : « Il faut parler ; rien à faire, vous êtes embarqué. »

Parler, oui, mais de quoi ? D’abord, et du fond du cœur, de la grande joie que j’éprouve à me trouver avec vous tous, en ce beau dimanche. Il y a ici plusieurs membres éminents de l’AECLC, avec lesquels j’ai eu le plaisir de cheminer depuis maintenant plusieurs années. Je vois également les élus de notre chère La Châtre, cette ville à laquelle je suis resté profondément attaché.

Je salue également les représentants du collège et du lycée. Le collège et le lycée de La Châtre, justement, qui nous rassemblent aujourd’hui et où j’ai effectué toute ma scolarité entre septembre 1993, date de mon entrée en 6e, et l’an 2000. Ainsi, ce sont presque vingt ans qui se sont écoulés depuis que j’ai quitté le lycée George Sand pour Paris. Avec les années, on pourrait croire que je dispose aujourd’hui d’assez de recul pour évoquer mon passage dans notre collège et dans notre lycée. Et pourtant, je dois bien vous l’avouer : cette partie de mon allocution n’a pas été la plus facile à écrire !
À peine je tournais la plume – le clavier, plutôt – dans l’encrier que mille souvenirs me venaient en mémoire.
Impossible d’en faire la liste complète, et je vois bien que l’heure tourne… J’aimerais juste vous parler de l’élève que j’étais, à cette époque. En un mot, je dirais que j’étais avant tout soucieux d’éviter les ennuis et les punitions.
C’est pourquoi je travaillais consciencieusement et évitais de me faire remarquer autrement que par ma modeste participation en cours. Je pense y être parvenu, n’ayant récolté aucune heure de colle ni aucun avertissement en sept ans de scolarité !

Quant à mes professeurs, c’est peu de dire que beaucoup d’entre eux m’auront marqué : j’aimerais saluer ici
Mme. Bahiaoui, en souvenir ému de l’atelier-théâtre du vendredi soir et de ce Fantasio, pièce de Musset où j’ai eu l’honneur de tenir le rôle principal en 1998 ? Je me rappelle également avec émotions ces échanges avec les autres lycées George Sand, à Nérac, au Mée sur Seine… que le dynamisme de Mme. Bahiaoui avait permis de faire éclore !
J’aimerais également m’arrêter quelques instants, si vous me le permettez, sur Mme. Achilli. Evelyne Achilli avait eu la lourde charge de m’enseigner le Latin, pendant trois ans. Dès notre premier contact, j’avais été frappé par son calme où transparaissaient aussi bien sa grande sûreté de jugement et son autorité incontestable… et incontestée ! Quant au contenu de ses cours, j’ai coutume de dire qu’avec Mme. Achilli, nous n’étions plus en présence d’une prof. de lycée, mais plutôt d’une enseignante de classes préparatoires, tant son degré d’exigence était grand. Son enseignement m’a permis de récolter au final, quelques années plus tard, une bien belle note en version latine, au concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure !

Je viens d’évoquer l’Ecole normale supérieure… C’est pour préparer ce concours que j’ai quitté à regret notre
cher lycée, en l’an 2000, pour Paris où j’habite encore actuellement. Je ne vais pas m’étendre trop longuement sur mes années parisiennes : disons qu’après trois ans de classes préparatoires, et une maîtrise d’Histoire à La Sorbonne, je suis entré ensuite à Sciences Po Paris. Par la suite, j’ai travaillé à l’Elysée puis dans différents cabinets ministériels, celui de M. FORISSIER puis celui de M. Luc CHATEL, Porte-Parole du Gouvernement. Après un passage à l’Institut national de la Recherche agronomique, je dirige à présent une fédération professionnelle qui regroupe près de 250 entreprises dans le domaine de l’eau.

Je profite de ce moment pour glisser une rapide allusion sur le thème de ce banquet, et sur le menu que vous
avez entre les mains : concocté par Claude Augereau, que je remercie chaleureusement, ce menu fait allusion à quelques villes qui me sont chères, et où j’ai parfois vécu, Paris, bien évidemment, mais aussi New York et Rome. Avec, en toile de fond, notre chère La Châtre !

Pour conclure… Car oui, il est temps de conclure ce trop long propos ! J’aimerais adresser un grand merci à
l’AECLC. Merci, encore une fois, pour m’avoir invité à présider ce banquet. Merci, aussi et surtout, à l’Amicale
pour son action, pour ce rôle de passeur qu’elle continue de jouer entre toutes les générations qui ont usé les
bancs du collège et du lycée. Le temps m’a manqué pour mener ma petite enquête mais je ne suis pas certain que tous les lycées de France puissent s’appuyer sur une association aussi ancienne – 110 ans bien comptés ! – et aussi dynamique.

Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Au cours de cette allocution, j’espère vous avoir bien fait sentir ma grande fidélité, mon attachement profond et – disons le mot – mon amour pour notre belle région. Des associations comme l’AECLC ne sont pas tout à fait étrangères au grand plaisir que j’éprouve à revenir aussi souvent à La Châtre !

« Je deviens vieux en apprenant toujours. », aurait dit un fameux législateur de la Grèce ancienne. A le prendre au mot, nous pouvons dire que l’AECLC a beaucoup à nous apprendre, nous les (encore) jeune Longue vie à notre amicale, merci à toutes et à tous !

Antoine Momot

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2017 : Discours de Michèle SELLERON-CHARRIÈRE

M le Député Conseiller Régional Cher Nicolas, M le Président du Conseil Départemental
Cher binôme Serge, M le Maire de La Châtre Cher Patrick, M le Maire de Pouligny St Martin
Cher Eric, M le Proviseur et Mme la Principale, M le Président, Mesdames, Messieurs, Chers
Amis,

Je suis très touchée de l’occasion que vous m’offrez aujourd’hui de rendre hommage à nos anciens professeurs. Je me retrouve devant vous pour vous parler de mes 7 années comme élève au Collège puis au Lycée George Sand de 1965 à 1972 et vous dire quelques mots sur certains de mes professeurs.
Après l’école primaire où j’ai bénéficié de l’enseignement de 3 instituteurs remarquables : Lucette Grazon, Madeleine Aufrère et Albert Lejot, le collège et le lycée qui pour moi fut la cour des grands. Quand je pense à mes années de collège puis de lycée, c’est la qualité de l’enseignement qui s’impose à moi. A cette époque les professeurs étaient rarement absents. Cette éducation officielle est indissociable de l’éducation rigide donnée par mes parents, leur amour et leur volonté de ma réussite malgré leurs occupations dans la boulangerie cartésienne.

Au collège ma directrice, Mme Savignat, une directrice remarquable, travailleur infatigable, responsable, avait un sens développé de l’organisation et savait tenir ses troupes.
Je garde un très vif souvenir de 2 professeurs qui m’ont marquée très différemment : Mme Marin et Edouard Lévêque.
Mme Marin, tailleur, sac à mains et sac d’école, avec son chignon. Ses yeux me foudroyaient, elle m’aurait fait mettre dans un trou de souris, elle me terrorisait. Nous étions là pour apprendre l’anglais mais non pour rêver. Une femme qui aimait son métier.
Il m’est difficile de ne pas évoquer notre regretté Edouard Lévêque dit Jean-Louis Boncoeur. Il fut mon professeur de dessin. Malheureusement je n’étais pas bonne dans cette matière. On commençait toujours un dessin en cours et nous devions le terminer à la maison. Même si mon professeur de dessin m’aidait beaucoup mon père devait quasiment le terminer.

En 1976, j’ai retrouvé avec grand plaisir Jean-Louis Boncoeur à St Chartier dans la mise en place des 1ères rencontres de luthiers et maîtres sonneurs et là, il me reste d’excellents souvenirs.
Mon professeur de gymnastique, Marguerite Fouchet qui, à mes yeux, symbolisait tout ce que l’on peut attendre d’un professeur : un grand investissement pour sa mission d’éducation et d’enseignement un grand dévouement pour la réussite des élèves dans des conditions de l’éducation physique et sportive difficiles, car pas de gymnase et pas de piscine, donc nous étions le plus souvent dehors sur le terrain de foot et de basket ; quand il faisait trop mauvais nous avions pour abri un local qui était loin d’avoir le confort du gymnase actuel.
Les cours d’allemand avec M.Birklé qui avait des problèmes de vision et qui, bien évidemment, n’a jamais découvert le peu d’intérêt que beaucoup de ses élèves portaient à cette deuxième langue qu’il enseignait.
M. Collé, que nous surnommions « Bot, Bot » Pourquoi ? Sévère, autoritaire, mais excellent prof avec un grand cœur.

J’avais une passion pour l’anglais en 1ère langue devenue langue internationale indispensable. Le français, la qualité de l’écriture n’est plus ce qu’elle était, l’orthographe est devenue une catastrophe avec le langage des SMS. J’avoue que quelquefois j’ai du mal à comprendre et mon petit-fils de 8 ans me dit « Mamie tu es vieille ».
Une anecdote, Mme Barrault, mon professeur de français, histoire-géographie, à qui certains garçons grattaient le dessous du bureau pour qu’elle file ses collants.

Pour moi la petite collégienne et lycéenne de La Châtre, j’avais 3 matières que j’appréciais : français, anglais, philo d’où un bac littéraire et si mon binôme ne m’avait pas fait appel pour les départementales 2015, j’avais prévu d’écrire et broder lors de ma retraite. Ce que j’apprécie dans ma fonction : écrire mes discours.
L’arrivée du bulletin de notes en fin de trimestre était très attendue car si un point n’était pas bon, l’humeur des vacances en dépendait.

Deux points qui me restent : le port de la blouse par les internes, une semaine une couleur et la semaine suivante une autre couleur, l’uniforme bleu, rose, beige et 1968 où en qualité de demi-pensionnaire nous n’avions pas de transport scolaire. Alors covoiturage par les parents car hors de question de manquer les cours et pas de portable pour les prévenir de l’heure à laquelle nous allions pouvoir quitter l’établissement ; alors j’allais téléphoner chez M et Mme Christin, charcutiers, connaissances de mes parents.

Les circuits de ramassage scolaire, aujourd’hui gratuits, étaient payants. Gratuité grâce au Conseil Général, seuls des frais d’inscription sont à la charge des parents. Suite à la Loi Notre, la compétence des transports scolaires incombe à la Région depuis cette rentrée.
Un grand Merci à tous ces professeurs qui restent vivants dans ma mémoire.

Michèle SELLERON-CHARRIÈRE

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2016 – Discours de Jean-Philippe GONTIER

Banquet annuel de 2016

Mr Le Ministre,
Mr Le Proviseur,
Mme La Principale,
Mr Le Président,
Cher Alain,
Chère Claude,
Cher Guy,
Chers amis et anciens et aussi Chers parents,

Cela ne vous aura pas échappé, nous entrons dans une année fertile en élections. Dans cette assemblée, nous avons déjà mis en place une mesure que d’autres ont plus de mal à s’appliquer, je veux parler de
la parité. En effet, ici l’alternance est annuelle puisque le président de banquet succède à une
présidente.

La grande différence tient plutôt au mode de désignation de cette présidence qui ne s’embarrasse pas
de primaires et de candidatures spontanées puisque le nombre de candidat est souvent inférieur à 1.
Ce qui fait qu’il s’agit souvent d’un suffrage censitaire sans possibilité de refus. Rassurez-vous, je ne suis
pas là sous le coup de la torture et c’est même avec un grand plaisir que je participe à ce banquet.

Ma présence parmi vous remonte à 2006, date à laquelle nous avions entrepris avec mes amis du Lycée
de fêter nos 25 ans dans les jardins du Château d’Ars. A l’époque, l’association avait apporté son
concours en fournissant le couvert avec la bienveillance du président Guy Fouchet qui, en investisseur
avisé, avait vu là une occasion rêvée de faire gonfler les effectifs de l’association. Il aura donc
partiellement réussi son pari puisque 10 ans plus tard, je préside cette assemblée.

Je souhaiterais maintenant vous faire part de souvenirs plus anciens qui nous ramènent au début des
années 1990, à la rentrée des classes de septembre 1992 précisément. Mon entrée en 6ème, comme
pour de nombreux élèves, a été un bouleversement important puisque l’on quitte l’école de son enfance
et que nos camarades sont disséminés dans plusieurs classes. Ce jour-là, une personne bien connue de
cette assemblée, m’a fait une grande impression. Il s’agissait de Viviane Lecerf dont la voix grave et
l’autorité naturelle finissait par mater les derniers récalcitrants qui ne rentraient pas dans le rang.

De nouvelles matières apparaissaient comme le dessin où mes piètres prestations avaient fini par
désespérer Mme Teinturier qui, comme en politique, aimait bien mélanger les couleurs. Je réussissais
néanmoins à remonter la pente par un pacte dont je peux aujourd’hui lever la confidentialité : mon
père, ici présent, dont les talents techniques ne se limitaient pas à l’informatique, avait pris le parti de
me donner un petit coup de … crayon. Il s’appliquait tellement que mes dessins (que l’on pouvait faire
à la maison je précise) finissaient par être affichés comme ceux d’autres élèves plus méritants que moi
dans les couloirs de l’administration du collège. Vous pouvez imaginer que j’évitais par tous les moyens
d’avoir besoin d’y passer de peur d’avoir à justifier des techniques utilisées …

Au collège comme au lycée c’est l’histoire-géo qui fut sans conteste ma matière préférée. Il faut dire
que j’ai eu pour cela des professeurs passionnants comme Mme Parot, Mr Moret, Mr Sabatier et
l’inénarrable Mr Pondebat avec son accent béarnais. Je garde aussi un souvenir ému du cours de
Danielle Bahiaoui dont la conviction de nous faire partager sa passion de la littérature restait intacte
malgré l’inventivité de quelques « sauvageons », pour paraphraser un ancien Ministre, qui avaient
plutôt décidé de tester le caractère inflammable du blanco qui garnissait nos trousses que d’écouter
son cours. Elle avait eu la gentillesse de me proposer à l’été 1997 d’être figurant dans la pièce de théâtre
« On ne badine pas avec l’amour » d’Alfred de Musset mis en scène par Jean-Claude Brialy qui tournait
en parallèle à Nohant avec la même troupe le téléfilm « La Dame aux Camélias » interprétée par la
ravissante Cristiana Reali avec laquelle j’ai dû en tout et pour tout échanger pas plus de dix mots. Bien
que figurant là encore, je n’avais pas manqué de me faire remarquer puisque j’avais grignoté un bon
nombre des gâteaux dont la production m’avaient imprudemment laissé la garde alors que je devais
théoriquement simplement les porter sur un plateau que l’on ne voit à l’écran que l’instant d’une
seconde.

Je n’oublierais pas non plus l’efficacité de Mme Duris, notre prof d’anglais qui en 4ème nous faisait
travailler autant qu’en classe préparatoire aux grandes écoles ou celle de Melle Féry, Mme Piquet et
Mr Caillaud qui ont réussi à me faire aimer les maths, la physique-chimie et la SVT.

J’aurais d’autres anecdotes à vous raconter mais je pense que vos estomacs commencent à se crisper
vu le programme qui les attend. Alors pour conclure cette intervention, je tenais à citer George Sand
définissant la Vallée Noire en la rattachant à ses habitants. Ces quelques mots suffisent à comprendre
pourquoi on a la chance d’avoir vécu sa jeunesse dans un si bel endroit :

« Si l’on comprend bien sa physionomie, on peut être sûr que l’on connaît le caractère de ses habitants.
C’est une nature qui ne se farde en rien et qui s’ignore elle-même. Il n’y a pas là d’exubérance irréfléchie,
mais une fécondité patiente et inépuisable. Point de luxe, et pourtant la richesse ; aucun détail qui
mérite de fixer l’attention, mais un vaste ensemble dont l’harmonie vous pénètre peu à peu, et fait
entrer dans l’âme le sentiment du repos. Enfin on peut dire de cette nature qu’elle possède une aménité
grave, une majesté forte et douce, et qu’elle semble dire à l’étranger qui la contemple : Regarde-moi si
tu veux, peu m’importe. Si tu passes, bon voyage ; si tu restes, tant mieux pour toi.»

Merci de votre attention et bon appétit.

Jean-Philippe Gontier

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2015 – Discours de Solange DALOT

Banquet annuel de 2015

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Lorsque cet honneur m’a été offert, j’ai bien vite refusé car, qui dit Présidente de banquet, dit également discours. Vous parler du lycée devient difficile car, comme l’a souligné La Bruyère, « Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent …»

Je vais donc vous parler du Cours Complémentaire, collège actuel, que j’ai intégré par concours d’entrée en 6è en 1947 en qualité d’interne.

Si le Collège de garçons était au Moyen-âge l’un des plus vieux de France, ce n’est qu’en 1869 que les Dames Dominicaines fondèrent une Institution pour jeunes filles dans le bas du couvent des Carmes qui avaient quitté notre ville depuis une centaine d’années.
En 1905 le couvent des Dominicaines est acquis par la Ville et la Caisse d’épargne. En 1907 le Collège de jeunes filles peut s’y installer. En 1934, ce collège fut fermé et remplacé par le Cours Complémentaire. Déjà en 1928, 3 filles du collège avaient intégré le Collège de garçons.

Tout d’abord, en cette période du Centenaire de la Grande guerre, permettez-moi de rendre hommage à Madame Braconnier, Directrice alors du Collège de Jeunes filles, qui présidait la distribution des prix au théâtre, cérémonie solennelle conformément au désir de M. le Ministre de l’Instruction Publique. Je vais vous lire une partie du discours qu’elle prononça le 13 juillet 1915 pour la distribution des prix.

« …Je dois, pour satisfaire au désir de M. le Ministre de l’Instruction Publique, rappeler ce que nous avons fait, dans notre petit collège, depuis le commencement de la guerre, afin de prendre notre part des efforts accomplis par la France entière, pour adoucir les souffrances morales et les misères résultant de l’absence des pères de famille.
Pour permettre aux mères d’aller sans inquiétude travailler au dehors, j’organisai, dès les premiers jours d’août, avec l’aide de deux de vos anciennes compagnes, Melles Guibert et Découchant, une garderie d’enfants. Il fallait voir la joie de ces petits jouant sous les grands arbres du collège ! Quelques mères venaient aussi, accompagnées de leurs nourrissons, faire des travaux de couture que nous leur avions procurés. La reconnaissance de ces pauvres gens était touchante.

Tandis que ce petit monde jouait dans la cour, le réfectoire du Collège était plein du bruit des machines à coudre ; il s’agissait de confectionner le linge nécessaire aux quarante lits que devaient créer les Femmes de France. Beaucoup d’entre vous, Mesdames, étaient là ; il y eut à la fois, en effet, jusqu’à 50 femmes et jeunes filles cousant sans bruit, la pensée envolée vers ceux qui se battaient, et préparant de leurs doigts habiles, les linges et les pansements pour les malades et les blessés qui allaient bientôt venir.

Dès le 13 septembre, en effet, ils arrivèrent. Vous vous souvenez de la foule respectueuse et émue qui les attendait à la gare, des automobiles fleuries qui les transportèrent. Quelle fierté pour nous, élèves et professeurs, de penser que 20 de ces braves seraient soignés au collège ! Et ils le furent avec un tendre dévouement par des infirmières dont quelques-unes sont vos anciennes compagnes.

Enfin ! La rentrée arriva. Ces deux mois d’émotions poignantes avaient rendu graves vos chers visages, mes chères enfants. Vous ne saviez plus jouer. Il fallut presque 15 jours pour que les plus vives d’entre vous fissent de nouveau entendre leurs voix jeunes et fraîches…
Des plus petites aux plus grandes, vous vous mîtes à tricoter : grâce à vos doigts agiles, tous les blessés qui quittaient l’hôpital purent emporter gants, passe-montagnes, cache-nez, chaussettes destinés à les garantir du froid des tranchées… »

Cette guerre longue et meurtrière ne fut hélas pas la dernière.

C’est à la fin d’une seconde guerre mondiale que j’entrai au CC en octobre 1947, munie de ma carte de pain encore indispensable.

Du jour au lendemain je me suis retrouvé enfermée derrière la grosse porte de bois cloutée dont le judas grillagé accusait l’impression de me retrouver en prison. J’ai passé la 1ère semaine à pleurer toute la journée ! Ensuite chaque fois que je revenais de permission, en bon petit soldat, c’est-à-dire tous les 15 jours, je pleurais ! J’ai pleuré une année entière !
Comment Madame Collé, professeur de 6è, a-t-elle eu la patience de me supporter et la gentillesse de me consoler ? Je l’ai toujours rencontrée par la suite avec bonheur.

Mademoiselle Renouvelle, professeur d’anglais, devait débuter. Très jeune et aussi gentille qu’efficace, je lui dois tout l’anglais qui me reste, pas forcément oral mais écrit. Par la suite elle a épousé Monsieur Flisseau, professeur de français au collège qui m’avait collé un beau 06 à ma première disserte en Seconde !

Je n’ai pas oublié Madame Halley, chargée de la classe de 5è, toujours élégante dans son petit tailleur noir et ses talons hauts. Elle était très méticuleuse et exigeante. Que de temps nous passions à parfaire les croquis des pattes de hannetons, les courbes parfaites des fleuves de France ou les points de couture des boutonnières ! Car nous avions des cours de couture qui feraient de nous de parfaites maîtresses de maison à défaut de faire autre chose de notre vie.

Les mathématiques nous étaient enseignées par Madame Savignat. Alors là ! Vraie terreur de passer au tableau surtout au lendemain d’une Saint-Vincent ou Saint-Blaise ! Les équations n’eurent plus de secrets pour beaucoup d’entre nous. Nous ne pouvions que devenir bonnes ou complètement nulles en maths.

Nos cours préférés étaient la gymnastique comme on disait à l’époque. Avec Madame Fouchet, une vraie mère pour nous, nous montions au stade en rangs plus ou moins réguliers avec le droit de parler. On faisait bien sûr de la gymnastique, quand le temps le permettait. L’hiver nous dansions au son du phonographe dans les anciens baraquements des prisonniers qui servaient de salles de gym. Les garçons du collège, sous la houlette de Monsieur Aussur, venaient apprendre la valse ou la bourrée avec nous. Tout ceci dans le respect des règles de la bienséance. Pour le grimper à la corde et les barres parallèles, nous avions accès à une grange au sol irrégulier de terre battue, à l’école de garçons. Heureusement, c’était peu souvent et je n’ai que rarement réussi ce genre d’acrobaties !

Il me semble que c’était le mercredi soir que Madame Pearon, notre Directrice, tenait la salle d’études. Elle faisait faire, à toutes les internes de la 5è à la 3è, des dictées d’au moins 2 pages entières dans lesquelles nous faisions bien 15 ou 20 fautes d’orthographe, de grammaire, de mots inconnus ou mal entendus…Je crois que cela nous apprenait surtout à écrire vite. Nous n’avions pas de punition, seulement un peu honte de tant de fautes !

Nous devons à Madame Pearon, personne extrêmement cultivée, notre première approche de la littérature, de la musique, de la peinture. Cinq d’entre nous, préparant le concours d’entrée à l’Ecole Normale, avaient le privilège d’être reçues dans sa tour, vestige du mur d’enceinte de la ville, vrai capharnaüm où tableaux, livres, disques s’entassaient jusque dans le four de la cuisinière. C’était pour nous le paradis. Peintre elle-même, elle nous a initiées à la peinture à l’huile, au pastel, à la gravure sur lino.

Suite à l’échec au concours de l’EN, nous nous sommes retrouvées en seconde dès la rentrée suivante, en octobre 1952, au Collège qui accueillait les quelques filles internes jugées capables d’obtenir le baccalauréat !

Avec grand plaisir, nous quittions le CC, sans la blouse obligatoire, et nous traversions la Place de la Mairie, très fières, livres sous le bras, sans surveillance, pour rejoindre la cour d’honneur de l’Hôtel de Villaines. Nous étions devenues des grandes !

Je ne peux terminer cet hommage aux seuls professeurs du Cours complémentaire sans un clin d’œil au Collège. Je vais donc vous dire un poème de Jean-Louis Boncoeur qui fut mon professeur de dessin jusqu’au bac: « Les bouchures ».

Solange DALOT

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2014 – Discours de Michel JAMET

Monsieur le président,

Messieurs les élus passés, présents et à venir !

Lorsque mon ami Yves Pecher et sa charmante épouse Arlette m’ont demandé si j’accepterais de présider le banquet annuel de notre association, je n’ai guère réfléchi à ce que je pourrais bien raconter à l’auditoire aussi huppé et éclectique que vous êtes !

Alors bêtement j’ai dit oui…

Je me retrouve devant vous pour vous parler de ma longue carrière au Collège puis Lycée George Sand, du mois d’octobre 1955 au mois de juillet 1964, d’abord comme élève puis comme Maître d’Internat.

Comme élève, je n’ai pas toujours été très sage, surtout lorsque les professeurs n’étaient pas très intéressants, soit parce que la matière qu’ils enseignaient était ardue, soit parce qu’ils ne savaient pas comment la mettre en valeur. Bien entendu, j’en profitais pour faire l’idiot et éventuellement entraîner les camarades. Même d’ailleurs quand je n’étais pas coupable, je finissais par être puni…On prête plus facilement aux riches !

Pour autant, je n’avais pas forcément de mauvais résultats sauf en classe de seconde que j’ai dû redoubler pour des raisons à la fois de santé et de manque de travail. Ce redoublement m’a permis de rencontrer un professeur de français, Bernard Burthey, remarquable mais qui malheureusement n’est resté qu’un an. Jeune marié, il nous avait avisés de son suicide mais comme le gaz sentait mauvais, que la corde serrait trop fort, que la balle faisait d’horribles dégâts, il avait décidé de mettre fin à ses jours de célibataire en se mariant !!! Originaire de Vesoul, il avait obtenu sa mutation pour cette même ville. Toutefois et sans conteste, le meilleur professeur de français que j’aie eu. Malheureusement aussi une seule année, fut Charles Appère, grand érudit et excellent pédagogue !

Ce redoublement de la classe de seconde m’a également permis d’avoir Mme Paule Dargon comme professeur d’allemand. Jeune, belle et parlant un allemand limpide non caricatural. Certains de ces messieurs en avaient l’eau à la bouche !!!

A cette époque, les professeurs étaient rarement absents, mais lorsque que cela se produisait de façon impromptue, le lundi matin par exemple, il arrivait que Claude Augereau-Lévêque ou Marie-Hélène Roret-Bressolette viennent prêter main-forte à la demande de « MANU ».

Manu, un Principal remarquable, travailleur infatigable, qui n’a pas profité très longtemps de sa retraite. Responsable, il avait un sens développé de l’organisation et savait tenir ses troupes. En outre, il savait ouvrir aux internes que nous étions, et chaque fois que c’était possible, les spectacles qui se jouaient à La Châtre (cirque, théâtre, cinéma…) aux prix les plus modiques, pourvu qu’il ne soit pas question de Brigitte Bardot ou du « Gorille » de Georges !

Quelques jours avant le bac que nous allions passer à Châteauroux, lors de nos dernières soirées de révisions, il apparaissait avec quelques bouteilles dans un panier, nous souhaitait bonne chance et nous avisait avec son accent inimitable que la porte donnant sur la Mairie resterait ouverte jusqu’à minuit !

Bac en poche (1ère et 2ème partie à l’époque), je fus embauché par Jean Poupat, principal par intérim, comme Maître d’Internat. Le Principal, M Carle, qui avait remplacé Jean-Emmanuel Bressolette (MANU) l’année précédente, n’était plus en état d’exercer ses fonctions. Il devait décéder quelque temps plus tard.

On peut dire que nous avons formé une garde rapprochée de notre Principal, organisant de notre mieux les tâches de vie scolaire et cette garde était composée de Guy Piat (dit P’tit Guy), Bernard Chantemilant, Bernadette Vachon, Alain Gay, André Peignin, Michel Jamet plus deux Maîtres au pair : Henri Quéroy et Georges Limousin.

Notre quartier général « Pionville » était sis au Café du Commerce « Chez Maurice » ou de temps à autre, notre Principal venait nous quérir pour une tâche non prévue.

Jean Poupat n’a pas voulu devenir administrateur et a été nommé au Lycée Jean Zay d’Orléans où je l’ai rencontré en 1975, lors de mon stage de Conseiller d’Education. Durant ce stage, j’ai également rencontré M Delagoutte devenu Principal du Collège de St Jean de la Ruelle.

Il me serait difficile de terminer mon propos sans évoquer l’homme à la Limousine qui fut pendant toute sa carrière la cheville ouvrière, le maître de cérémonie, Monsieur Jourdain, notre regretté ami Edouard Lévêque dit Jean-Louis Boncoeur grâce auquel j’ai découvert les saveurs des parlages berrichons et autres fantaisies, moi le Berrichon d’Aigurande émigré vers le nord du Berry, mais qui reste à l’écoute !

J’ai fait cinquante-trois rentrées scolaires depuis le cours préparatoire jusqu’à la fonction de Proviseur !

Au fait vous ai-je dit que j’avais passé une nuit dans les bras de George Sand ? Non…Il est un peu tard maintenant, mais après le repas, si vous êtes sages et si vous le souhaitez…

Bon appétit à tous.

Michel JAMET

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2013 – Discours de Marie-Christine MARAIS

Messieurs Les Elus – que je remercie d’être venus –

Monsieur Le Proviseur

Chère Claude

Chers Amis et Anciens

« Depuis de nombreuses années j’ai eu le plaisir d’assister à ces sympathiques réunions des Anciennes et des Anciens du Collège devenu le Lycée George Sand : croyant m’y être chaque fois, depuis environ un quart de siècle tenu correctement, je ne pensais pas mériter le « Pensum » d’être un jour votre Président de Banquet : celui que l’on attend au virage, que l’on juge ! Succédant à d’éminents présidents qui furent pour la plupart de brillants élèves du vieil Hôtel de Villaines, vous pouvez croire que votre Président de ce soir ne fait pas tout-à-fait le poids, en un certain sens bien entendu. » Ce sont les premières paroles prononcées par mon père lors de sa présidence du Banquet  de 1974. En 1965, c’était mon Grand-père qui présidait le Banquet. Tous deux ont raconté avec humour leurs souvenirs en citant certains de leurs professeurs et en racontant de savoureuses anecdotes. Je tenais à leur rendre hommage.

L’Association  fut fondée en 1908 par M. George LOUTIL : « un Sage…J’ai gardé fidèlement en mémoire la silhouette de ce grand vieil homme maigre, à barbiche poivre et sel…aux yeux lucides derrière les verres de son lorgnon, aux  longues mains apaisantes sortant, en envolée d’oiseau, des vastes manches de sa robe de juge… » ainsi le décrivait Edouard LEVEQUE.

Je souhaite, aujourd’hui, vous parler des Présidents que j’ai connus et qui ont contribué au développement de l’Association.

Le premier banquet auquel j’ai assisté fut celui de 1967. M. George RAVEAU qui avait succédé à M. Vincent ROTINAT était, alors Président de l’Association. Je tenais à vous parler de lui car il fut, à mon avis, le mécène de l’A.E.C.L.C. durant sa présidence. Combien de jeunes bacheliers, nouvellement arrivés dans la capitale pour y commencer leurs études ou diplômes en poche allaient le solliciter. Il prenait toujours le temps de les recevoir avec gentillesse et essayait de répondre au mieux à leurs attentes.

Edouard LEVEQUE, longtemps Secrétaire de l’Association à laquelle il a donné un nouvel élan  a succédé à Pierre BIGRAT et a été Président de 1978 à 1993. Il fut mon Professeur de dessin . Malheureusement je n’ai jamais été bonne dans cette matière : on commençait toujours  un dessin en cours et on devait le terminer à la maison. Systématiquement, c’était mon père qui le refaisait et Jean-Louis BONCOEUR mettait une note en précisant « à Jacques CHAUVET ». Il fut, également, mon professeur de théâtre et d’après lui j’étais meilleure dans cette matière.« Le Voyage de Monsieur Perrichon » fut pour moi, « Mademoiselle Perrichon » et mes camarades, Martine AUGAT et Jean-Claude BOURY, « mes parents » -dans la pièce-  Roland PIROT et Christian GALLOIS, « mes prétendants » Jean-Michel MONE «  le commandant  Mathieu» Alain DUMAY « Monsieur MAJORIN » une expérience à laquelle je repense, souvent aujourd’hui et avec bonheur. Les décors n’étaient pas de Roger HARTH mais d’André COUTY et les costumes n’étaient pas de Donald  CARDWELL mais de  Martine HUGUET.

Claude AUGEREAU, sa fille, fut la première femme Présidente de l’Association.  Elle a succédé à 10 Présidents. Désolés pour vous Messieurs mais l’A.E.C.L.C. n’a pas eu à pâtir de  la Présidence d’une femme. Ma tante Pierrette Floquet a été l’amie de cœur et de basket de Claude. Elle ne m’a raconté que des histoires de basket et m’a souvent parlé de son professeur, Madame Fouchet. Claude et Pierrette devaient participer au Critérium de Basket. Elles s’entraînaient 1 à 2 fois par semaine tôt le matin . Elles arrivaient, donc, en retard, le visage écarlate et essoufflées au cours d’anglais. Monsieur Collé ne manquait jamais de les interroger et, bien entendu, elles ne savaient pas leur poésie. Maintenant place à l’imagination : leur entraîneur leur avait fait confectionner des tuniques noires, courtes et bouffantes….

Ella a succédé à Guy FOUCHET qui a conduit l’Association pendant 10 ans jusqu’à son centenaire et l’a gratifiée d’un livre qui revêt une importance considérable pour son histoire.

Quelques mots, maintenant, sur certains de mes professeurs.

Je suis arrivée en septième dans la classe de Madame Coq, petite bonne femme haute comme 3 pommes mais quelle énergie… Je me rappelle que lors d’une dictée dans laquelle j’avais fait 5 fautes, ce qui n’était pas mon habitude, j’avais, cependant, échappé aux coups de règle sur les doigts. Son époux Monsieur Coq , professeur d’Histoire-Géographie, récoltait chaque 1er avril une multitude de  poissons «  en papier »  sur le dos de son veston…

En sixième, le professeur dont je me souviens « avec délice » était le professeur d’anglais, Monsieur Poupat ; je le trouvais très séduisant, il l’était, en vérité. Quelle ne fut pas ma chance d’assister avec lui au mariage d’un de mes cousins, ce qu’il avait annoncé à toute la classe, je n’étais pas peu fière…

En cinquième, j’avais comme professeur de latin une grosse dame avec un air de bouledogue dont j’ai d’ailleurs oublié le nom et qui de plus était anti-cléricale au possible ; nous n’avions pas intérêt à arriver en retard à son cours quand nous sortions du catéchisme…

En quatrième, les cours d’allemand avec Monsieur Birklé m’ont laissé comme souvenir le fait que ma copine Martine Huguet me faisait les ongles et bien sûr ce professeur ne voyant pas grand-chose n’a jamais découvert le peu d’intérêt que nous portions à la langue qu’il enseignait…

En seconde, durant les cours d’anglais avec Monsieur Collé, toujours avec la même copine, nous nous mettions au dernier rang pour papoter. Certains jours, Monsieur Collé osait nous déranger pour nous demander si nous avions appris notre leçon et si nous voulions être interrogées…

Je pourrais continuer à vous parler d’autres professeurs par exemple de celui qui me terrorisait car j’étais nulle dans la matière qu’il enseignait ou de celui qui ne manquait jamais de me faire des réflexions désagréables car j’étais à ses yeux une fille de bourgeois…mais  il est temps, maintenant, de penser aux nourritures terrestres.

Bon appétit à tous et merci de votre présence au banquet 2013 de l’A.E.C.L.C.

Je n’oublierais pas non plus l’efficacité de Mme Duris, notre prof d’anglais qui en 4ème nous faisait
travailler autant qu’en classe préparatoire aux grandes écoles ou celle de Melle Féry, Mme Piquet et
Mr Caillaud qui ont réussi à me faire aimer les maths, la physique-chimie et la SVT.

J’aurais d’autres anecdotes à vous raconter mais je pense que vos estomacs commencent à se crisper
vu le programme qui les attend. Alors pour conclure cette intervention, je tenais à citer George Sand
définissant la Vallée Noire en la rattachant à ses habitants. Ces quelques mots suffisent à comprendre
pourquoi on a la chance d’avoir vécu sa jeunesse dans un si bel endroit :

« Si l’on comprend bien sa physionomie, on peut être sûr que l’on connaît le caractère de ses habitants.
C’est une nature qui ne se farde en rien et qui s’ignore elle-même. Il n’y a pas là d’exubérance irréfléchie,
mais une fécondité patiente et inépuisable. Point de luxe, et pourtant la richesse ; aucun détail qui
mérite de fixer l’attention, mais un vaste ensemble dont l’harmonie vous pénètre peu à peu, et fait
entrer dans l’âme le sentiment du repos. Enfin on peut dire de cette nature qu’elle possède une aménité
grave, une majesté forte et douce, et qu’elle semble dire à l’étranger qui la contemple : Regarde-moi si
tu veux, peu m’importe. Si tu passes, bon voyage ; si tu restes, tant mieux pour toi.»

Merci de votre attention et bon appétit.

Marie-Christine MARAIS

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 2012 – Discours de Marc HENRIET

En préambule, je tiens à saluer deux amis d’enfance, Dominique Augereau venue de loin pour participer à ce banquet avec qui j’ai effectué mes dernières années de lycée et dont la présence montre que ni le temps ni la distance n’entame le véritable attachement et Jean-Michel Christin mon très cher ami de 46 ans. Oui 46 ans, car c’est à l’école maternelle qu’a débuté cette si belle et longue amitié.

Lorsque notre très chère et dévouée Claude m’a proposé de présider ce banquet j’aurais dû refuser, j’aurais ainsi évité l’instant présent, celui où après avoir cherché l’inspiration il me faut trouver la respiration.
Rassurez-vous j’ai fait court, ainsi votre souffrance ne durera pas longtemps si je suis ennuyeux.
D’mon temps…….. !! Petit je l’ai entendu nombre de fois cette expression courante. Devenu grand, je me suis rendu compte que je l’ai aussi dit nombre de fois au fil des années de scolarité de mes deux fils. Pourquoi cette expression, « d’mon temps ? » quelle différence finalement entre ces générations ?
Faisant appel à mes souvenirs j’ai cherché à comparer.
En Mathématiques par exemple je me souviens avoir été de la première promotion à avoir eu droit à la calculette pour les épreuves du BAC. Simple calculette qui ne permettait que quelques opérations simples. Pour le reste il nous fallait bien savoir utiliser nos tables de trigonométrie. Ce petit bout de carton de quelques centimes de francs qui a été remplacé par ces petites machines, d’une centaine d’euros… qui calcule la tangente et autres hyperboles et en trace même la courbe. Mais Quid de ces jeunes en caisse dans les magasins qui ne savent rendre la monnaie que grâce, là aussi, à la machine.

    Pour l’anglais, pas d’humour à mettre dans le triste constat que l’anglais, devenu au fil des ans la langue internationale indispensable, ne soit pas plus présent dans l’enseignement, car, au final, je ne peux que constater
que mes enfants parlent anglais comme l’humble berrichon que je suis.
AH ! L’histoire. Elle, elle ne change pas. Marignan c’est toujours 1515, au moins ça on le sait. De toute façon comme disait Napoléon : «L’histoire n’est qu’une succession de mensonges sur lesquels les Hommes se sont mis d’accord».
En géographie, vive les travaux pratiques. Internet, double-clique et HOP un billet d’avion pour rejoindre les antipodes. Par contre nous ne voyons plus bien les numéros des départements sur les voitures pour
apprendre leurs noms.
Et le Français dans tout ça ?

L’apprentissage du B-A-BA se fait maintenant avec la méthode globale si bien qu’au final on a l’impression qu’ils ne savent que le global. La qualité de l’écriture n’est plus ce qu’elle était, l’orthographe est devenue une variable aléatoire. Quoique, pour le Français j’avoue que
mes fils m’ont quand même appris du vocabulaire car je sais maintenant que «TKT» signifie « t’inquiète pas» en langage SMS ce qui ne me fait pas «MDR» autrement
dit «Mort de rire» dans cette même langue.
Ces quelques matières passées en revue m’ont fait penser au bulletin de notes. Celui qui arrivait par la poste et dont le résultat allait fortement influencer l’ambiance à la maison pendant quelques temps.Là j’ai attendu, attendu sans que jamais ne vienne une délectable annotation telle que j’ai pu moi-même en recueillir !!
Mes fils n’étant pas là pour l’entendre je peux me laisser aller et vous en livrer deux que j’ai glorieusement obtenues et qui ont elles, à coup sûr, fait rigoler feu mon père qui avait, il est vrai, un sens de l’humour très développé.

La première à vous narrer est l’appréciation de notre professeur de Philosophie en terminale qui, en guise de commentaire, s’était appliqué à dessiner une grille de jeu de morpion puisqu’il avait sans doute remarqué que c’était là une de mes pratiques favorites lorsqu’il dispensait ses cours.

La seconde est l’appréciation générale de Mr Ferret, alors censeur au lycée qui, en guise de conclusion, avait d’une belle écriture marqué ces quelques mots me concernant : «Sait trop bien doser ses efforts…..» appréciation lourde de sens mais pleine de vérité car en recevant mes notes du bac j’ai constaté que pour 210 points à obtenir j’avais fait 213. Bien dosé n’est-ce pas ?
Dans un discours, il est de bon ton de placer une citation en voici donc une :
«Notre jeunesse est mal élevée, elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d’aujourd’hui, ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans une pièce, ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler».Et bien,
peut-être ne me croirez-vous pas, mais celui qui a écrit ces mots n’est autre que Socrate…Comme quoi, cette expression «d’mon temps», ne date pas d’hier.
En fait, si le temps passe, si les temps changent et que les méthodes évoluent, il n’en reste pas moins que l’Être humain s’adapte et que la terre continue à tourner.

    Finalement une seule question reste en suspens :
«combien de temps cela va-t-il durer ?……..»

Marc HENRIET

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2011 – Discours de Marie-Thérèse AMPEAU

Marie-Thérèse Ampeau

Mesdames, Messieurs, Chers amis,

    Je suis touchée de l’occasion que vous m’offrez aujourd’hui de rendre hommage à nos anciens professeurs et en particulier à Edouard Lévêque, ce Jean-Louis au Bon Cœur, que le Berry, ce cœur de la France, cette patrie de Jacques Cœur, honore cette année.

Ce ne sera pas sans rendre hommage à mes parents qui, par leur amour, ont donné à leurs trois filles, le goût de la vie, et le goût de vivre dans le Berry.

Mais comment se sent-on berrichon et Français « à la fois » ?

Cela a toujours été un grand bonheur pour moi à la fois « d’comprendre l’ langage de nos pésants qu’bouchions la rue, les jours de fouére », à Cluis, où nos parents étaient commerçants, et d’apprendre à parfaire ma connaissance du Français, grâce à Mme Marin, et puis celle du Grec et du Latin !

 – « Gauthier, vous êtes nulle ! »
– « Ah ! ce 2 en grammaire ! »

« Depuis, je l’ sais, j’suis une boun à rin ! »

 Chère Présidente, tu as donné la parole à une boun’à rin !

     Pour commencer, en dessin, j’en étais une boun à rin ! L’Jean-Louis m’a rarement bien notée.

    Mais, comme je « r’dev’nais une bonne berrichonne » quand, aux kermesses de nos villages, je buvais la musique de ses touchantes poésies, juché qu’il était sur son estrade, hardiment campé sur ses sabiots et arcbouté sous sa limousine.

    Merci Jean-Louis de nous permettre d’aller au cœur de cette âme berrichonne, tantôt si douce, tantôt si ch’tite !

    Cher Professeur, vous avez été notre Surveillant général au sourcil farouche et notre maître de comédie qui nous dirigea pour jouer le Bourgeois Gentilhomme avec tant d’entre vous, que je suis heureuse de retrouver aujourd’hui

    Mais « quô qu’il aurait dit d‘être mondialiste » ? Berry-Ecosse, Berry-Provence et pis bien d’autres alliances qu’il concocta!

    « J’pense que l’ mondialisse y’aurait tiré queques histoires putôt dramatiques ». La perte de nos valeurs terriennes et provinciales. Nos campagnes sans paysans, sans bouchures.

    Il aurait peut être aussi chanté ces jeunes qui r’viennent aujourd’hui au pays avec leurs ordinateurs !

    Comme l’a fait l’un de nos quatre enfants !

    Pour moi, la p’tite collégienne de La Châtre, j’avais deux amours, les langues vivantes et le Grec et le Latin.

    Alors en passant, comme George Sand a bien synthétisé son amour des gens de la terre, sa culture par les Belles Lettres Anciennes et l’anglomanie de son temps en choisissant son prénom de GEORGE, le geoorgos, le paysan traditionnel, célébré par Virgile dans ses Géorgiques.

    Pour moi, est-ce à cause du poster du couronnement d’Elisabeth II affiché par M. Poupat en salle Boijeau ou est-ce à la suite de mon premier voyage en New Forest, organisé par Mr Collé, en 3ème, que je fus déjà séduite par la Perfide Albion ?

    Je partis à Poitiers, la belle médiévale, et de là en Cornouailles anglaise. Puis je passai une autre année à Manchester, où je partis à contre-coeur; un an plus tard, j’ai quitté avec tristesse ces autres « Ch’tis », ceux du Nord de l’Angleterre, joyeux et accueillants comme ceux de France.

    Avoir 21 ans à l’étranger (vive le programme Erasmus aujourd’hui!), c’est une expérience unique que je souhaite à tous.

    J’étais berrichonne, française et désormais aussi un peu anglaise.

    J’allais devenir graduellement provençale, puisque qu’à mon retour, je rencontrai Pierre, épousé l’année des évènements de 68.

    Heureusement qu’il le trouve beau not’Berry, mon mari, « c’est p’têt aussi grâce à Jean-Louis !» car je certifie qu’il s’est depuis toujours, grandement délecté de ses histoires.

    Nous avons déménagé 13 fois avec nos quatr’enfants et savez vous où qu’on est revenu?
– « Dans l’Berry !»

    C’était sans compter qu’pendant qu’on était parti,… les Anglais, eux, y étaient rev’nus.

    Alors maintenant, grâce à nos chers professeurs et à mon grand étonnement, je pratique l’anglais sur place toute l’année. Nous avons créé un groupe vocal franco-anglais, A CAPELLA, un concert de Noël franco-anglais et surtout un après-concert aux saveurs de vin chaud et de mince-pies, qui réunit un temps nos deux groupes aux cultures et aux humeurs si différentes !

    Accueillir en Berry comme je l’ai été à l’étranger, c’est très important !

    Mais maintenant en Berry, à part chanter, quo qu’ peut faire une boun à rin qui sait pas rimer ni dessiner comme Jean-Louis?

    Quand on aime son pays « à mort », le beau patrimoine de son village « à mort », quand, au collège, on a tourné le dos à la saga des conquêtes et des défaites des soldats de notre Histoire de France, hé bien, se peut-il que son Professeur, M. Coq évidemment, se peut–il qu’il soit revenu faire son œuvre sur mon esprit et me motiver pour l’Histoire, bien des années plus tard, quand je suis devenue conférencière des Monuments Historiques?

 Maintenant je me passionne pour l’histoire et le patrimoine, restaurer les vieilles pierres pour les générations futures, les animer pour les gens d’aujourd’hui.

    Cluis est un village que j’aime, où chaque pierre a son histoire et son secret. Alors chaque année depuis 2001 nous organisons un chantier de restauration de la forteresse de Cluis-dessous sous l’égide de l’association nationale REMPART qui nous permet de recruter des jeunes, venus de France et de l’étranger.

« Etr’ boun’ à rien », mais faire c’qu’on a appris à aimer, c’est formidable, merci à mes parents, merci à Jean-Louis de nous avoir mis le Berry au cœur !

En ce banquet de l’AECLC 2011, merci à Claude, notre Présidente, qui vit ces hommages à Jean-Louis Boncoeur, son père, non sans beaucoup d’émotions ; merci à tous nos professeurs que je n’ai pas nommés et qui restent avec vous, les amis de ces années Collège, vivants dans ma mémoire.

Viv’not’Berry ! Et qu’il viv’longtemps ! Long live Berry !

Cluis, 1er juillet 2011

M-T AMPEAU

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 2010 – Discours de Claude COUVRET

Claude Couvret

Madame la Présidente et chère Claude,
Chers amis,

Je voyais devant moi cette route qui monte en terrasse et au sommet, les tourelles blanches et la garenne de notre chevaleresque voisin, de notre loyal ami le châtelain d’Ars . George Sand évoque ainsi son arrivée au château du docteur Gustave Papet, son médecin. A notre tour, nous nous retrouvons en ce lieu, à l’initiative de Claude qui me donne la parole aujourd’hui ; je l’en remercie. Certes, je suis anesthésiste-réanimateur et donc, j’endors, je réveille, je peux supprimer la douleur; peut-être allez-vous alors m’imaginer quelque don en sorcellerie. Soyez rassurés ! Mon propos n’est pas de vous faire tomber dans une torpeur de fin de banquet qui transformerait subitement Ars en château des Belles Dames et Beaux Messieurs du Bois Dormant!

    Quand je pense à mes années de lycée, c’est la qualité de l’enseignement qui s’impose à moi, l’acquisition de cette curiosité qui nous apprend à ouvrir les yeux sur le monde. Mais cette éducation officielle est indissociable de l’éducation donnée par mes parents : leur amour, leur tolérance et leur volonté m’ont toujours guidé. Ces années sont celles aussi de l’adolescence, des premières relations amicales, amoureuses. Et j’en profite pour remercier mes amis qui m’entourent aujourd’hui.

    Petit clin d’œil, je suis né une semaine après la superbe fête du cent cinquantième anniversaire de la naissance de George Sand. C’était un beau mois de juillet, m’a t’on dit, il y avait une vraie liesse et les gens étaient ravis de découvrir les chars ayant pour thèmes les romans de George Sand, créations éphémères de Jean-Louis Boncoeur, secondé par de nombreux collaborateurs. Serait-on capable de retrouver une telle adhésion populaire de nos jours ?

    Il est beau d’imaginer chaque être humain comme un arbre, grand ou petit mais unique. Sans ses racines, l’arbre n’existe pas et ne peut s’élancer vers le ciel. Ainsi, mes origines sont profondément ancrées dans le paysage berrichon. Maman est née Langlois. Mes grands-parents maternels, Léon et Louise, étaient maraîchers. Qui n’a vu les melons murir sous cloche de verre ne peut comprendre les soins constants portés à la culture dans ce grand jardin bordant l’Indre, non loin du Moulin Bureau ! Papa était le fils d’Auguste et d’AngèleAuguste avait pris la succession de son père dans la droguerie du 163 rue Nationale. Ces drogueries, telles qu’elles étaient encore avant la création des grandes surfaces, où l’on trouvait quasiment tout pour la maison, où mon père et mon oncle Maurice n’étaient pas avares de leurs conseils, n’existent hélas plus. J’ai ainsi grandi au milieu des bouchons de liège, des peintures, des plaques de verre, des pierres de sel, mais aussi des cannes à pêche, des hameçons et des toiles cirées transformées en œuvre d’art par Gérard Deschamps. Surnommé Koklaus, Auguste était président de la société de pêche « La Truite ». Je lui dois des souvenirs délicieux : ses parties de belote sous les miroirs vénitiens années 40 de chez Maurice, où j’étais le petit spectateur à la grenadine, les concours de pêche à la prise d’eau en bas de la rue Saint Abdon, sous le soleil, et la tarte du dimanche matin de Clémence, la cuisinière de Charles Richer-Delaveau, chez lequel mon grand-père avait son parcours de pêche. J’ai été marqué par sa détermination et son énergie. Cette rue Nationale et, tout près, la rue de Belgique, a réuni mes amis auxquels je suis resté fidèle et je veux nommer la famille Charrier où, moi l’enfant unique, j’ai toujours trouvé une seconde maison.

   Après l’école primaire où j’ai bénéficié de l’enseignement de deux instituteurs remarquables René Cosson et Roger Fouchet, le lycée a été d’emblée pour moi une affaire très sérieuse. Si je ne peux oublier la qualité de l’enseignement de Melle Buret en Latin, de Mme Faure en Grec Ancien, de Mme et Mr Citterio respectivement en Histoire-Géographie et en Mathématiques, je garde surtout un vif souvenir de deux professeurs :Madame Marin et Jean-Louis Boncoeur.

    Madame Marin ! Aucun de ceux et celles qui ont été ses élèves ne peuvent l’oublier. Vêtue de tailleurs impeccables, elle marchait en se dandinant tenant son sac à main et celui contenant ses livres. Si ainsi, de dos, l’allure était presque pataude, de face, c’était une toute autre impression. Les cheveux tirés en chignon révélaient un front déterminé et puis, ses yeux pouvaient vous foudroyer ou vous caresser ; car avec Madame Marin, il n’y avait pas de demi mesure ; elle a terrorisé des centaines d’élèves, en a couvé certains autres. Nous étions là pour apprendre l’Anglais, pas pour bredouiller ou rêver. La légende raconte qu’un jour, elle cria à Gérard Beyneix, fils des libraires : « jump by the window ! ». Celui-ci voulut se jeter par la fenêtre aussitôt et elle dut le retenir par la ceinture pour éviter un fâcheux accident. C’était une femme intelligente qui aimait son métier et organisa des séjours en Ecosse, à East Kilbride, non loin de Glasgow. Bien plus tard, je suis allé la voir dans sa maison isolée de la route de Guéret. Suivie de son fox terrier, elle m’a toujours accueilli avec beaucoup de gentillesse.

    Homme de théâtre, décorateur, peintre, écrivain, conteur, Jean-Louis Boncoeur n’a pas été seulement mon professeur de dessin. Je l’ai surtout approché quand je suis allé à Rezay faire partie de l’équipe qui préparait la fête du 15 août, jour de Marie. C’était le début des années 70 et avec Jean-Michel Augereau, je me suis transformé en bricoleur, restaurant les écussons peints, décorant la scène où se tenaient la messe et les spectacles : celui des groupes folkloriques et de Jean-Louis qui nous accompagnait de ses conseils avisés. L’intendance était réglée par Marie Boncoeur qui dirigeait son monde avec énergie. Jean-Michel m’emmenait dans l’atelier de Jean-Louis et je découvrais pour la première fois l’univers d’un artiste. Ce furent pour moi des jours joyeux et insouciants.

    Mr Collé m’aurait très bien vu prendre la succession de mon père ; le rôle de conseiller d’orientation n’est pas aisé ! Cependant, mes résultats au baccalauréat m’ont permis de faire des études de Médecine. J’ai souhaité, tout d’abord, être médecin généraliste et ai fait une année de stage auprès de Jean Moret qui m’avait soigné et était médecin à l’hôpital de La Châtre. Je garde de lui le souvenir d’un homme exigeant, rigoureux, fidèle. Il m’a aidé et m’a guidé dans mes choix, m’a incité à continuer mes études pour devenir Anesthésiste-Réanimateur. Je travaille actuellement dans le service d’Orthopédie-Traumatologie de l’hôpital de Tours. L’Anesthésie-réanimation a fait un bond en avant considérable en 30 ans avec une amélioration de la sécurité des patients et de la prise en charge de la douleur. Si l’environnement technique a eu sa part dans cette évolution, l’engagement humain en médecins et infirmiers, avec une permanence des soins nuit et jour, est primordial. Nous sommes présents dans les blocs opératoires, les services de réanimation chirurgicale et des brûlés, les SAMU. Et si les chirurgiens peuvent réaliser des interventions de plus en plus complexes et donc longues, c’est en partie grâce à l’évolution de l’anesthésie et de la réanimation postopératoire. Ce métier exigeant donne de grandes satisfactions dans la relation aux autres, imposant une certaine connaissance de soi pour prétendre écouter autrui. Lorand Gaspar a su trouver les mots pour exprimer cet humanisme. Hongrois, il a été déporté par les Nazis dans un camp de travail dont il s’est évadé en 1945. Il a été chirurgien à Jérusalem et Tunis. Ce parcours justifie qu’on l’écoute un instant :

    « Est-ce seulement un rêve de penser que l’Homme puisse devenir suffisamment clairvoyant pour comprendre que ses véritables intérêts et valeurs ne sont pas dans les démonstrations de possession et de pouvoir, ni dans l’intolérance et la haine ?

 Que la lumière de l’esprit, la beauté de la mer, des montagnes, celle des jardins et des déserts, du dessin invisible du vol des martinets dans le ciel soient donnés à tous ceux qui veulent bien ouvrir les yeux, les oreilles et l’esprit ? Est-ce une utopie de penser que les changements humains et ceux qui dépendent de nous puissent évoluer un tant soit peu vers une meilleure compréhension de nous-mêmes, de l’autre et de la nature ?
 » J’évoquais tout à l’heure le talent de conteur de Jean-Louis Boncoeur. J’aimerais maintenant vous dire un extrait d’un de ses contes. Ce conte parle de tolérance : chacun, en effet, faut-il le rappeler, souhaite être accepté tel qu’il est . »

Cet hommage à Jean-Louis Boncoeur fut une grande surprise. Ce poème LA PARISIENNE extrait du « BERGER M’A DIT » interprété avec beaucoup de talent fut chaudement applaudi.

Claude COUVRET

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