Débat sur l’école

Actions

L’amicale a participé au débat sur l’école…

Le Président de l’Amicale a été sollicité par le Conseil d’Administration du Lycée George Sand pour animer 2 débats sur l’école les 9 et 13 décembre 2003.

Il était assisté de 3 membres de l’Amicale : Alice Apaire, Danielle Bahaoui, et Michelle Ologoudou qui ont pris note des interventions. Une synthèse a ensuite été rédigée et adressée à l’organe centralisateur du débat national.


Débat sur l’école
Lycée Polyvalent George Sand – La Châtre
9 et 13 décembre 2003
Synthèse

Organisateur : Michel DELPECH, Proviseur
Animateur : Guy FOUCHET, Président de l’Amicale des Anciens Elèves du Collège et du Lycée
Assisté de : Alice APAIRE, Danielle BAHIAOUI, Michelle OLOGOUDOU, Membres du Conseil d’Administration de l’Amicale

Questions traitées :

QUESTION 4 Faut-il partager autrement l’éducation entre jeunesse…

Un consensus général des intervenants s’est dégagé pour :
  1. Reconnaître la nécessité d’une formation tout au long de la vie.
  2. Renforcer la qualité de la formation initiale, sans en réduire la durée, mais sans l’augmenter jusqu’à 18 ans. La formation initiale doit former l’homme, le citoyen, le travailleur. Elle ne doit pas être écourtée, mais il serait souhaitable de permettre une orientation plus précoce pour les élèves dont on perçoit « l’essoufflement » dès la 4ème.
  3. Regretter que les mécanismes de formation continue ne soient pas suffisamment « articulés » entre l’Education Nationale et le monde du travail, notamment pour la formation continue des enseignants : ce qui suppose une meilleure connaissance des rouages et procédures de la formation continue et la mise en œuvre de moyens financiers plus importants et mieux coordonnés. (Hors consensus, il a été également remarqué que cela supposerait que les enseignants acceptent de suivre des cours de formation pendant les vacances scolaires.)
  4. Constater que le système actuel oblige les enfants à rester à l’école, au-delà même de l’âge limite de la scolarité obligatoire, ce qui n’est pas toujours souhaitable. En revanche, il serait souhaitable de pouvoir revenir dans le système scolaire après une interruption pour suivre un apprentissage.
  5. Généraliser la mise en place de la validation des acquis d’expérience (V A E) qui doit être largement diffusée et reconnue, ainsi que facilitée par un allègement des dossiers à constituer.
  6. Affirmer que la formation continue doit être adaptée aux besoins réels, notamment pour la formation en entreprise.
Un intervenant a émis l’idée d’un crédit formation, dès la naissance et pour la durée de la vie active, alloué à chaque enfant. Un intervenant s’est fait l’écho des souhaits d’élèves qui demandent un enseignement moins théorique. La formation continue doit correspondre aux besoins du marché du travail ; la formation en entreprise proposée dans le cadre de la formation continue doit être adaptée aux besoins réels.

Tous les intervenants ont souhaité renforcer les liens entre l’école et l’entreprise, et il est très clairement apparu que le monde enseignant reste très coupé du monde de l’entreprise et qu’il souhaiterait pouvoir y avoir accès pour en améliorer sa connaissance. Cette connaissance est évidemment plus approfondie pour les enseignants des lycées professionnels, mais c’est la méconnaissance qui prévaut chez les enseignants des voies générales. De même, il faut développer l’apprentissage en entreprise pour les élèves en grandes difficultés.

Priorités pour la question 4 :

  • Mettre en place les moyens financiers et les structures permettant une formation continue tout au long de la vie.
  • Améliorer les liens entre l’Education nationale et le monde de l’entreprise.
  • Renforcer la qualité de la formation initiale, sans « brader » les diplômes.

 QUESTION 6 Comment l’Ecole doit-elle s’adapter à la diversité des élèves ?

Un consensus général des intervenants s’est dégagé pour :
  1. Ne pas remettre en cause le collège unique.
  2. Considérer comme anormal que des élèves soient admis au collège sans savoir lire, écrire ou compter.
  3. Considérer essentiel que les classes soient homogènes, afin d’éviter de retarder ou de démotiver les bons élèves, en constatant qu’actuellement la composition de classes hétérogènes ne permet pas aux élèves en difficultés de suivre le rythme de la classe.
Du large débat sur cette question, il ressort que :
  1. L’objectif affiché par la loi d’orientation 1989 d’atteindre 80% d’élèves ayant le niveau bac rencontre un grand scepticisme. La recherche systématique de cet objectif dévalorise en fait les diplômes de fin de 1er cycle du secondaire (BEP / CAP), ce que confirment les statistiques tirées du dossier « Eléments pour un diagnostic sur l’école» indiquant un taux de 37% de diplômés d’une génération à ce niveau d’études (9% OCDE), conduisant à des « effets pervers ».
    C’est le résultat d’une évaluation insuffisante d’abord en fin de cycle primaire, puis en fin de 1er cycle du secondaire.
    Les intervenants ont estimé dans l’ensemble qu’il serait préférable de renforcer le Brevet, comme diplôme de fin d’études du 1er cycle, afin que ce diplôme ait une réelle crédibilité, car les statistiques actuelles indiquent des taux de chômage de 12 à 15%.
  2. La politique des cycles dans le primaire a été contestée par plusieurs intervenants et l’un deux a même a même suggéré que la répartition chronologique par classes soit supprimée et que soient définis des niveaux à atteindre (en lecture, écriture et calcul), sans imposer un délai dans le temps (avec toutefois une limite raisonnable qui est la date d’entrée au collège).
    Bien évidemment, il est considéré souhaitable de personnaliser les temps d’acquisition des fondamentaux pour chaque élève, car c’est dès le CP que s’acquièrent les fondamentaux. L’intervenant n’a pas explicité plus avant les difficultés de mise en œuvre de cette idée dans le primaire.
  3. De nombreux intervenants ont considéré qu’il serait souhaitable de ne pas imposer le suivi de toutes les disciplines à partir de la classe de seconde, ce qui permettrait d’établir un système à la carte », très pratiqué dans les pays anglo-saxons, évitant à des élèves moins motivés ou plus fragiles de disperser leur énergie et leur permettant de se concentrer sur les matières les intéressant et dans lesquelles ils auront l’ambition d’être « bons » et pas seulement « médiocres ». Ces matières « à la carte » devraient évidemment respecter un programme et il a été précisé que le nombre de postes d’enseignants ne serait pas remis en cause, malgré la réduction des effectifs par professeur.
  4. L’alternance est considérée comme éminemment souhaitable. Il faudrait donc proposer au collège des options articulées avec l’alternance et permettant la valorisation des talents de chacun.
  5. L’ampleur des redoublements et des réorientations en 2nde s’explique, selon les intervenants, par les erreurs d’orientation, dues en grande partie au système mis en place, qui consiste à conduire tous les jeunes jusqu’à 16 ans avec un diplôme.
    Un parent d’élève a fort bien exprimé que le problème du redoublement affectait en premier lieu les parents eux-mêmes, soumis à la pression du système qui vise à réduire de plus en plus les redoublements. Cette pression, à laquelle s’ajoute la pression sociale est très dommageable pour l’enfant qui se sent entraîné dans une spirale d’échecs. Il convient de dédramatiser le redoublement.
  6. Les intervenants expriment leur scepticisme devant les affirmations officielles selon lesquelles la large et indéniable démocratisation a pu être réalisée sans baisse de la qualité.
Priorités pour la question 6 :
  • Aucun élève ne doit entrer au Collège, s’il ne sait pas lire, écrire et compter.
  • Les classes doivent être homogènes, en fonction des niveaux des élèves bénéficiant d’une pédagogie différenciée. Il y va de l’intérêt de tous les élèves.
  • Le redoublement doit être dédramatisé.

 QUESTION 7 Comment améliorer la reconnaissance et l’organisation…

De nombreux intervenants, enseignants au lycée professionnel pour la plupart, ont exposé clairement les qualités de la voie professionnelle, tout en déplorant l’insuffisance de soutien en faveur de cette filière et son déficit d’image dans l’opinion publique.

Il a été noté que 11,5% d’une génération d’élèves étaient titulaires d’un bac professionnel et que le taux de chômage pour cette catégorie était de 6%, alors que les taux de chômage pour les titulaires du bac technologique et général étaient respectivement de 12% et 9%.

La recherche de partenariats avec les entreprises est donc considérée essentielle.
Les enseignants professionnels ont une connaissance de l’entreprise que les enseignants généraux n’ont pas et il serait souhaitable d’inclure une formation en entreprise dans le cursus universitaire et, par la suite, dans le cadre de la formation continue, de tous les enseignants, notamment en économie.

Il est nécessaire d’introduire un volet de travail manuel et technique dans le premier cycle du secondaire.
Il est souhaitable d’inclure des modules professionnels au Collège dès la classe de 4ème, ce qui faciliterait l’orientation en fin de 3ème.
Il est souhaitable de faire appel plus largement encore à des artisans, ouvriers et techniciens pour enseigner en lycée professionnel, en tenant compte de/ et en validant leur expérience acquise (VAE).
Le consensus est général sur la nécessité d’une action de communication en direction de l’opinion publique, des élèves et de leurs parents pour combler le déficit d’image de la voie professionnelle et la revaloriser socialement.
Le modèle du lycée professionnel à taille humaine, avec internat ne fermant pas en fin de semaine, parait devoir être développé.

Priorités pour la question 7 :

  • Action de communication pour combler le déficit d’image.
  • Limiter la taille des lycées avec internat, afin de leur conserver une taille humaine.
  • Introduire un volet de travail manuel et technique dans le 1er cycle du secondaire.

 QUESTION 10 Comment organiser et améliorer l’orientation des élèves ?

Le débat a débuté par un rappel :
Il y a quelques années, l’orientation des élèves était organisée en fin de 5ème.
Cette formule fut très critiquée jusqu’à ce quelle soit remplacée par la formule actuelle, mais un intervenant a souligné que des élèves dont les difficultés avaient été détectées dès la 5éme, ont pu, grâce à cette orientation précoce, trouvé leur voie et réussir professionnellement, même devenir chef d’entreprise..

Ne serait-ce pas la preuve qu’une autre forme d’enseignement, moins théorique, serait souhaitable ?
Des élèves ont, d’ailleurs, souhaité que l’enseignement dispensé soit moins théorique et plus concret, tout en déclarant par ailleurs que « réussir sa vie n’était pas nécessairement devenir chef d’entreprise ».
Une analyse critique du système actuel, avec une orientation qui ne prend pas suffisamment en compte les projets des élèves et le souhait des parents, a dénoncé l’aspect négatif de cette formule, par écrémages successifs, qui dévalorise les voies technologiques et professionnelles par rapport à la voie générale et qui, pratiquement, banni le redoublement.
Mais, d’autre part, la question a été posée de savoir si la recherche d’une orientation positive ne serait pas tout simplement utopique ?
De nombreux intervenants ont suggéré que soient introduites des activités professionnelles dès la 4ème et que soit repensé un référentiel des métiers pour disposer d’ une base permettant de mesurer les potentialités des élèves dès leur plus jeune âge et de leur faire prendre conscience de ce qu’ils peuvent faire.

S’imposent donc :

  • la recherche d’une adéquation entre le projet de l’enfant et la réalité de son niveau.
  • Une meilleure connaissance des différentes filières et de leurs débouchés, ainsi que des passerelles existant entre elles.
A cet effet, un élève a proposé que soient inscrits à l’emploi du temps une heure/semaine consacrée à l’orientation, ainsi que des stages en entreprises, courts et multiples et ce, depuis la 6ème.

Il est nécessaire de développer des passerelles entre voies et filières de formation :
Les intervenants considèrent qu’il serait souhaitable que soit repensée la filière technologique qui, en fait, est encombrée par le jeu de l’orientation négative et masque les opportunités offertes par la voie professionnelle. Les statistiques indiquent en effet clairement que de nombreux diplômés de la filière technologique qui devraient poursuivre leur cursus dans l’enseignement supérieur court (IUT ), essayent de repasser dans la voie générale par le biais du DEUG où ils connaissent un taux important d’échecs. Là encore les taux de chômage sanctionnent les erreurs de parcours.

Ne vaudrait-il pas mieux articuler les voies technologiques et professionnelles ?
Certains intervenants ont estimé qu’il serait préférable de fusionner filières technologiques et professionnelles, en prenant comme modèle ce qui est fait pour les métiers d’art, c’est-à-dire une orientation par paliers ?
D’autres ont contesté cette approche en soulignant que les finalités des deux filières n’étaient pas les mêmes ?
Le constat, selon lequel trop d’élèves venant de voie générale entrent dans les I.U.T et prennent la place des élèves ayant obtenu un Bac technologique, ces derniers se repliant sur des études de DEUG, où ils connaissent, faute de préparation adéquate, un fort taux d’échecs, a conduit l’ensemble des intervenants à recommander que l’entrée dans les IUT soit réservée, en priorité, aux titulaires du bac technologique.
Il s’agirait donc là de discrimination positive, afin de pallier les « effets pervers » d’un mauvais système d’orientation négative.

Priorités pour la question 10 :

  • Recherche d’une meilleure adéquation entre le projet de l’enfant et la réalité de son niveau, en lui facilitant, ainsi qu’ à ses parents, une évaluation lucide de ses potentialités.
  • Améliorer la connaissance par les élèves et leurs parents des différentes filières et de leurs débouchés, ainsi que des passerelles existant entre elles.
  • Organiser une forme de « discrimination positive » en faveur des bacheliers technologiques, afin que l’entrée dans les IUT leur soit réservée en priorité.

 QUESTION 11 Comment préparer et organiser l’entrée dans le supérieur ?

Les intervenants ont conscience qu’à la hiérarchie des séries du secondaire correspond une hiérarchie des filières d’entrée dans l’enseignement supérieur et que la sélection à l’entrée dans le supérieur est, dans la pratique, nécessaire.
Il a été considéré qu’il était important que les étudiants réalisent très vite s’ils ont les aptitudes à poursuivre les études supérieures qu’ils ont choisi.
Une élève fait remarquer qu’il y a inadéquation entre savoir et compétences et que l’on peut très bien réussir brillamment au Bac et ne pas être prêt à entrer en fac : les méthodes de travail à l’université ne sont pas les mêmes qu’au lycée et requièrent de l’étudiant une très grande autonomie, d’autant que ce passage à la vie étudiante se traduit généralement par une distanciation du milieu familial.

Un système de contrôle continu à l’université serait souhaitable, car le système des examens partiels auxquels les étudiants se présentent sans avoir une estimation de leur propre niveau, ne paraît pas satisfaisant.
L’idée d’une année charnière a été suggérée, à l’instar de ce qui se pratique dans certains pays, afin de pouvoir choisir en toute connaissance sa voie et apprendre à travailler de façon autonome. Un intervenant indique que la formule LMD, appliquée dans le cadre de l’harmonisation européenne, permet une réorientation après 6 mois, ce qui constitue une forme de rattrapage.

Priorités pour la question 11 :

  • Atténuer la rupture entre lycée et enseignement supérieur universitaire.
  • Inculquer aux élèves des lycées des méthodes de travail impliquant une plus large autonomie.
  • Instituer dans les premières années d’université un système de contrôle continu.

 QUESTION 17 Comment améliorer la qualité de la vie des élèves à l’Ecole ?

Un consensus général s’est dégagé pour critiquer les rythmes scolaires actuellement en vigueur.
L’ensemble des intervenants s’interrogent sur la volonté réelle des principaux acteurs de modifier les rythmes scolaires, selon les souhaits des experts scientifiques, pour «  le bien des enfants ».
Sont dénoncés : le nombre de jours de classe insuffisants dans l’année, la durée excessive de la journée d’école, la répartition des jours de classe dans une semaine, des programmes trop chargés, l’insuffisance d’activités sportives, artistiques, musicales , théâtrales etc… dans le temps scolaire.

Une élève se fait le porte-parole de ses camarades pour dire qu’ils « idolâtrent » les systèmes anglais et allemands, qui permettent précisément ces plages de détente, tout aussi enrichissantes. Elle demande aussi une individualisation du suivi des élèves pendant les périodes sans cours, mais au sein d’établissement ( études surveillées).
La plupart des intervenants suggèrent de réduire la durée des vacances, de porter par exemple la période de classe de 180 à 200 jours, ce qui permettrait d’alléger la journée de classe et d’y inclure les activités de détente. Un intervenant a suggéré une large décentralisation au niveau d’un bassin scolaire cohérent par exemple ?
S’il s’avérait impossible de réduire les périodes de vacances, il conviendrait de préciser quelles matières doivent être supprimées ou réduites à l’enseignement ?
A la question « Quelle est la position des syndicats d’enseignants sur ces points ? » l’élève répond : « Ce ne sont pas les syndicats enseignants qui vont à l’école. »

La plupart des intervenants dénoncent également l’abdication des pouvoirs publics devant les « lobbys » économiques, financiers et autres, y compris enseignants et parents d’élèves, dont les intérêts contradictoires convergent parfois pour conduire à un calendrier inadapté des rythmes scolaires.

Priorités pour la question 17

  • Réduire la durée des vacances.
  • Réduire la durée de la journée de classe.
  • Intégrer dans l’emploi du temps des élèves et des enseignants des activités complémentaires aux fondamentaux sous la responsabilité d’animateurs pouvant même venir de l’extérieur.